Lettre circulaire Décembre 1980
Je vous salue tous affectueusement dans le précieux Nom de notre Seigneur Jésus-Christ par cette parole de 2 Corinthiens 13,11-13:
“Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix; et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous”. De toutes les églises locales, c’est celle de Corinthe qui a causé le plus de difficultés à notre Seigneur et à Ses apôtres. Jamais autant d’épîtres n’ont été adressées à aucune d’entre elles, ni autant de problèmes et de besoins n’ont été traités à leur sujet, comme ce fut le cas pour cette église. A cela vinrent s’ajouter les disputes au milieu d’elle et les séparations de frères, lesquels s’étaient de leur propre chef placés et recommandés eux-mêmes dans le ministère. Les mystères du Corps de Jésus-Christ avaient été révélés à Paul, et il avait fort à coeur de voir cet organisme vivant fonctionner sans trouble aucun. Pour lui, il ne s’agissait pas de choses théoriques à porter au niveau de la controverse, mais bien de l’accomplissement de la mission voulue par Dieu pour l’Eglise.
Cette mise en demeure: “Perfectionnez-vous!” est adressée par l’apôtre aux croyants de tous les temps. Qui doit perfectionner qui? Qui doit être perfectionné, et de quelle manière? Enfin, qui donc voit la nécessité d’être perfectionné? Ne sommes-nous pas tous prêts en tout temps à dire aux autres de se perfectionner et, si nécessaire, à faire pression pour que cela se fasse? Mais qu’en est-il de nous-mêmes? Il ne suffit pas que les autres soient conduits à se mettre en ordre: nous, toi et moi, devons nous laisser perfectionner, et nous servir l’un l’autre dans un esprit de douceur. C’est seulement ainsi qu’un profond changement peut être atteint. Dans ce passage de l’Ecriture, il n’est pas dit que nous devions perfectionner les autres, mais que nous devons nous-mêmes nous laisser perfectionner.
“... consolez-vous” écrit l’homme de Dieu aux croyants. [en allemand il est écrit ici: exhortez-vous] Sur ce point ne sommes-nous pas également unanimes à exhorter facilement les autres? Mais alors, si quelqu’un ose venir nous exhorter, malheur à lui! Nous devrions nous poser la question de savoir si aux yeux de Dieu nous pouvons être, somme toute, déjà considérés comme l’Eglise du Seigneur. Si nous ne pouvons pas nous laisser corriger et exhorter, le Seigneur ne peut pas nous employer. Ce n’est qu’après avoir été aidés que nous pourrons aider les autres et nous prêter mutuellement assistance en tant que membres d’un même Corps.
“... ayez un même sentiment”, c’est ainsi qu’est exprimée l’injonction suivante. Mais comment est-ce possible, si chacun s’en tient à sa propre manière de penser et qu’il s’obstine à le faire? C’est possible uniquement là où les sentiments de Jésus-Christ se trouvent en chaque croyant et peuvent ainsi venir dans la communauté. L’unité créée par Dieu et la relation de chacun avec le Seigneur ont pour conséquence que tous ensemble dans le Seigneur peuvent avoir les mêmes sentiments que ceux qui étaient en Jésus-Christ.
“... vivez en paix”. Avec l’aide de Dieu la chose est possible, mais il faut seulement le vouloir. L’homme a reçu le libre arbitre pour toutes choses, cependant nous devons toujours être prêts à soumettre notre volonté à la volonté de Dieu. Autant que cela dépend de nous, nous devons donc vivre en paix. Celui qui y arrive, par la grâce de Dieu, c’est à lui que le Seigneur donne la force de transformer en réalité ce qui est exigé de nous. Les promesses suivantes sont liées à ce que nous venons de considérer: “... et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous”. Nous disons en effet que Dieu est avec nous, mais demandons-nous donc une fois sérieusement s’il en est réellement ainsi. Le Saint- Esprit peut-Il rendre témoignage de cela et le confirmer au travers de nous? Le Seigneur a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde, et Il a fait la promesse que certains signes accompagneraient ceux qui croiraient. Si nous remplissons les conditions posées dans la première partie du verset que nous venons de considérer, Dieu tiendra alors Sa promesse et, par grâce, Il sera avec nous.
“... Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser”. C’est ce qui est ordonné à ceux qui aiment Dieu et les frères. Là où par l’Esprit de Dieu l’amour est versé dans les coeurs, là paraît la nature de Jésus. Ses vertus et Ses qualités forment alors les éléments stables et constants de notre nouvelle vie. Nous sommes ainsi intimement liés ensemble par l’amour de Dieu, et nous pouvons en tant que frères nous saluer les uns les autres par un saint baiser. Parmi nous ne se trouve alors aucun frère qui donne au Seigneur, ou aux Siens, le baiser de la trahison.
“... Tous les saints vous saluent”. La même chose se trouve de notre temps. Tous les saints saluent les saints dans le monde entier. Ils ont été unis ensemble par Celui qui est Saint et qui S’est sanctifié pour eux, et sont devenus participants de Sa sainteté. Le mot hébreu employé pour “sanctifié” signifie mis à part: consacré pour être rendu saint. Dieu nous a élus avant la fondation du monde, Il nous a mis à part, appelés à sortir et destinés à avoir part à Ses desseins les plus hauts. Le plein salut et la parfaite délivrance viennent du Seigneur. Nous ne pouvons rien y ajouter. Nous sommes les bénéficiaires de Sa grâce, Ses saints et Ses bienaimés.
“... Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous!”. Quelle déclaration puissante! Après que l’apôtre ait eu sous la direction de l’Esprit autant à exhorter et à blâmer ses frères, il termine son épître à cette église par ces paroles. Depuis longtemps ce dernier verset est utilisé à la fin des cultes. Toutefois la grâce demeure seulement auprès de ceux qui ont obtenu grâce de la part de Dieu, selon ce qui est écrit dans Exode 33.19: “Je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde”. L’amour de Dieu est uniquement avec ceux qui ont été aimés par Dieu au travers de Jésus-Christ. La communication du Saint-Esprit ne peut avoir lieu en fait que là où les croyants ont reçu le Saint-Esprit. Cette communion du Saint-Esprit ne se trouve qu’au milieu de ceux qui ont été mis à part, sanctifiés et aimés. Il est indispensable que nous soyons réellement remplis du Saint-Esprit, afin que nous puissions parvenir à cette véritable communion.